Publication 7 octobre 2025
Déployer une littératie en IA pour une société inclusive et émancipatrice

Ce rapport s’adresse aux décideurs et acteurs qui façonnent, par leurs actions et leurs discours, les transformations numériques de notre société. Il soutient que la littératie en intelligence artificielle (IA) constitue un impératif à la fois démocratique, social et économique. Au-delà des compétences techniques, la littératie en IA porte un projet de société qui place l’inclusion et l’émancipation citoyenne au cœur de la transformation numérique, créant un rempart contre la dépolitisation des choix technologiques.
Le défi central réside dans la résolution de la tension entre l’urgence économique de l’adoption et la nécessité du temps long de l’acculturation critique. Cette tension révèle des rapports de pouvoir où l’intérêt général appelle à préserver l’autonomie intellectuelle des citoyens face aux stratégies de maximisation de l’adoption par les détenteurs de capitaux technologiques.
L’IA générative présente une dualité structurelle. D’une part, son interface en langage naturel démocratise l’accès aux outils numériques et ouvre des perspectives pour les publics traditionnellement exclus. D’autre part, son usage éclairé exige des connaissances critiques et des compétences variées pour éviter dépendance, manipulation et reproduction des biais. Pour mieux éclairer les débats autour de l’IA, ce rapport clarifie les concepts fondamentaux de l’intelligence artificielle et explore les enjeux critiques (biais cognitifs, impacts environnementaux et dynamiques spéculatives).
Le projet d’une société numérisée plus juste, inclusive, démocratique et soutenable nous rend toutes et tous responsables.
Au niveau individuel, chaque décideur doit adopter une posture de responsabilité intellectuelle : éviter les amalgames technologiques, exiger et s’imposer une rigueur évaluative, distinguer prescription et adoption réelle des usages, et concevoir la littératie comme un continuum évolutif.
Au niveau collectif, l’ampleur des transformations exige une réponse systémique coordonnée. Le rapport préconise un changement de paradigme dans la formation initiale, dépassant le simple ajout d’heures d’éducation aux médias pour repenser globalement les programmes scolaires. Un groupe de travail national sous supervision du Conseil national de l’IA et du numérique peut permettre de définir un socle de réflexion intégrant justice sociale et environnementale, préparant de nouveaux États généraux du numérique et de l’IA pour l’éducation et la formation. Un référentiel national de compétences structurerait de son côté les parcours d’apprentissage en s’appuyant sur une grille d’évaluation mesurant l’impact sur la réduction des inégalités.
La mise en œuvre nécessite une coordination renforcée entre acteurs publics et privés, des financements durables orientés vers l’inclusion, une gouvernance démocratique plaçant les citoyens au cœur des choix technologiques, et des mécanismes redistributifs orientant une part des investissements IA vers l’inclusion de tous les publics. L’accompagnement de la parentalité numérique et le maintien de la médiation de proximité complètent cette approche, s’appuyant sur le maillage des centres sociaux, bibliothèques, fablabs, maisons France Services et autres structures au plus proche des habitants, pour déployer une littératie accessible, avec un accompagnement humain adapté aux nouveaux enjeux de l’IA générative.
PROPOSITIONS
PROPOSITION 1
PROPOSITION 2
PROPOSITION 3
PROPOSITION 4
PROPOSITION 5
PROPOSITION 6
PROPOSITION 7
PROPOSITION 8
PROPOSITION 9
PROPOSITION 10
PROPOSITION 11
Ce rapport est le fruit d’un groupe de travail de Renaissance Numérique, composé d’une trentaine de personnes, afin de répondre aux missions et valeurs du think tank : diversité, indépendance, mixité, neutralité, rigueur.
Ce travail de près d’une année s’est nourri de plus d’une vingtaine d’auditions, de conférences, de publications et d’interventions menées dans le cadre des activités du think tank, ainsi que d’une vaste bibliographie, actualisée durant l’été 2025 afin de produire un rapport le plus actuel possible.
Renaissance Numérique tient à remercier l’ensemble des co-animateurs de ce groupe de travail ainsi que les rapporteurs qui y ont participé :
Co-animateurs du groupe de travail
- CHAGNY Nicolas, Directeur délégué et qualité, CFA numiA. Président, Internet Society (ISOC) France. Membre, Commission Nationale Consultative des Droits de l’Homme (CNCDH)
- ORSINI SHARPS Laetitia, Directrice Grand Public, Orange France
Rapporteurs
- BLONDEL Mélusine, Co-directrice générale, La Mednum. Membre, Conseil d’administration de Renaissance Numérique
- BRUYAS Dorie, Présidente, La Mednum
- COMBLEZ Samuel, Directeur général adjoint, Association e-Enfance / 3018
- GAVEN Frédéric, Fondateur, Nosphi Conseil
- GOMEZ Denis, Directeur de projets Innovation Sociétale, Orange
- Le GOFF Samuel, Président, Renaissance Numérique
- NARZUL Ruben, Membre associé, Renaissance Numérique
- PÉNICAUD Soizic, Consultante en politiques publiques de l’IA. Cofondatrice, Observatoire des algorithmes publics. Enseignante, Sciences Po Paris
- RELTGEN Tangui, Rapporteur, Renaissance Numérique
- SCHOENTGEN Aude, Économiste du numérique. Membre, Conseil d’administration de Renaissance Numérique
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