Actualité 25 novembre 2014

Big Data : une triple opportunité à ne pas laisser passer

Si le Big Data représente une avancée technologique généralement peu contestée, ses possibilités d’utilisation cristallisent trop souvent les doutes et les peurs d’une large partie de la population. La complexité du sujet et la variété des domaines impactés conduisent parfois à faire des amalgames hâtifs et dangereux, ainsi qu’on a pu le voir après les révélations de Snowden sur les systèmes de surveillance massive.

À l’instar de nombreuses innovations technologiques, le Big Data peut certes donner lieu à des dérives liberticides qui doivent évidemment être identifiées, régulées et si possible éradiquées. Mais il parait tout aussi fondamental de ne pas se contenter de cette vision restrictive et de considérer avec au moins autant d’attention les immenses opportunités que cette révolution contient en germe.

Le Big Data doit avant toute chose être considéré comme une révolution technologique dans la capacité de collecte, de stockage et d’exploitation des données. Apparu sur la côte Ouest des Etats Unis à la suite du développement massif des usages digitaux1, le Big Data constitue aujourd’hui une triple opportunité pour les consommateurs, les entreprises et la croissance de notre pays.

Une opportunité pour les internautes et les consommateurs

Grâce à ces nouvelles capacités de stockage et de traitement des données, les consommateurs ont progressivement pu découvrir des services nouveaux, qu’ils ont parfois plébiscités, entraînant des besoins plus grands encore et souvent une nouvelle grappe d’innovations. À titre d’exemple de ces nouveaux usages directement issus de l’essor du Big Data, on pourrait citer les moteurs de comparaison de prix qui nécessitent bien sûr d’immenses capacités de traitement de données en temps réel et qui permettent chaque mois à des millions d’internautes d’acheter mieux et moins cher dans de multiples secteurs.

Une autre demande forte des consommateurs qui a pu commencer à être adressée grâce aux technologies du Big Data concerne la communication directe Marques-Consommateurs. Devant l’afflux de messages souvent non ciblés et sans intérêt pour leurs destinataires, les internautes ont joué de leurs « contre-pouvoirs digitaux » : plaintes, désinscriptions, non réactions, réclamant avec force une communication plus pertinente de la part des marques dont ils sont par ailleurs des clients exigeants et souvent fidèles.

Grâce aux possibilités offertes notamment par les bannières publicitaires achetées aux enchères en temps réel (Real Time Bidding) il devient aujourd’hui possible pour les marques de reconnaître leurs clients sur les différents terminaux de connexion qu’ils utilisent, et ainsi de les solliciter beaucoup moins fréquemment mais à bon escient, d’être globalement plus intelligentes et moins envahissantes.

C’est par le développement d’algorithmes sophistiqués que chaque marque peut espérer donner du sens aux données collectées et simplifier la vie de ses clients en limitant le nombre de messages et en recréant de la valeur lors de chaque interaction. Par une communication et des services beaucoup plus pertinents, il s’agit en quelque sorte pour les entreprises de rendre à chaque consommateur la valeur des données confiées.

Une opportunité pour les entreprises

Grâce au Big Data les entreprises ont également devant elles des opportunités formidables pour revoir leur chaîne de valeur et transformer leurs points de vente.

Avec les produits connectés, il devient en effet envisageable pour une marque de capter de façon automatique et anonyme une quantité importante d’informations sur l’utilisation de chaque produit pour en améliorer la qualité, la durée de vie et en cas de panne (par exemple pour une voiture) pour établir le diagnostic et définir la réparation nécessaire.

Le Big Data permet enfin à beaucoup d’entreprises d’envisager une transformation de leurs points de vente et du rôle de leurs vendeurs. Équipé d’une tablette un vendeur pourra par exemple accéder à l’historique d’activité de ses clients ou à des recommandations personnalisées et ainsi compléter son propre jugement en face à face sur un point de vente afin d’apporter un meilleur conseil dans le cadre d’une relation enrichie et d’un métier totalement réinventé. Connaître et comprendre un consommateur n’empêche d’ailleurs pas la surprise et l’inattendu : à tout algorithme de recommandation peut être intégrée une dimension de sérendipité, d’exploration ou de hasard pour éviter un systématisme rapidement inefficace.

Une opportunité pour la croissance et l’emploi dans notre pays

Du fait de la qualité de ses structures d’enseignement et de recherche en mathématiques appliquées notre pays possède tous les atouts pour être aux premiers rangs dans la formation des « Data Scientists » et dans la création d’entreprises et de nouveaux usages qui en découleront. C’est dans l’environnement actuel une opportunité rare en termes d’emploi et de croissance et il ne serait pas concevable de la négliger.

En conclusion, le Big Data offre aujourd’hui un vaste champ d’applications possible, et demeurent aux prémices de leur développement 2. Ces technologies et leurs applications méritent bien qu’on les observe sans naïveté ni a priori, d’un œil critique et avec discernement, mais de façon d’abord positive et entrepreneuriale avec ambition et l’envie de construire.

Après tout, le Big Data ne sera que ce que nous en ferons. Il constitue aujourd’hui un champ unique d’opportunités et elles méritent une grande attention si nous voulons peser dans ce débat global qui est déjà ouvert. De nombreuses questions relatives aux données, à leur collecte et leur utilisation notamment par la robotique vont en effet se poser dans des domaines aussi variés que la protection des données personnelles, la santé ou la place de l’homme dans la société.

Etudiants, entrepreneurs, décideurs, ou chercheurs doivent tous ensemble participer à cette construction et à ce débat qui ne peuvent qu’avancer de pair. Avec une double exigence : être rapide car la concurrence est mondiale, pragmatique car c’est en faisant qu’on comprend les enjeux.


1 En février 2001 Doug Laney, analyste au Meta Group, publie une note de recherche intitulée “3D Data Management: Controlling Data Volume, Velocity, and Variety.” 10 ans plus tard les 3 Vs sont les 3 dimensions généralement utilisées pour définir le Big Data bien que le concept n’apparaisse pas dans l’article de Laney.

2 L’Association française des éditeurs de logiciels (Afdel) a ainsi estimé que la création de valeur liée au Big Data pourrait atteindre en France 2.8 milliards d’euro et 10 000 emplois directs d’ici cinq ans. Le cabinet américain Gartner estime de son côté que le secteur Big Data créera 4,4 millions d’emplois dans le monde d’ici à 2015, dont 1,9 million aux États-Unis.


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